La Minga del Penco... Ou comment planter des agaves.
Et coucou les mignons !
Me revoilà, et cette fois-ci pour vous raconter un peu ce que j'ai fait dans mon travail ! Bon, je dis travail mais en fait les "Mingas" (travail communautaire) sont faites sur notre temps libre (le samedi) et de manière totalement bénévole.
L'idée de planter des agaves a germé il y a plusieurs mois, voire années, dans la tête d'Edison (mon chef-collègue) et de ses accolytes (entre autres, Christian Pratt chercheur français spécialiste des agaves au Mexique, et German Trujillo chercheur Equatorien spécialiste des sols et de leur gestion durable). Pourquoi planter des agaves ? Jusqu'ici, INDESLAE (notre microentreprise) produit du jus, du miel et de l'alcool (sorte de Tequila equatorien (oui, Tequila est un nom masculin à l'origine...), même si le processus de fabrication est différent) à partir du TZAWARMISHKI, ou jus d'agave (en kichwa agave se dit "TZAWAR" mais on l'appelle aussi couramment PENCO ici, et "MISHKI" signifie jus). Le tzawarmishki est récolté par les agricultrices des communautés, qui l'extraient des agaves autour de leur maison, et le revendent ensuite à NOUS. Ca, c'est pour la théorie, du moins c'était vrai il y a quelques années. Sauf qu'aujourd'hui, les agricultrices se déplacent de plus en plus loin de leur maison pour trouver des pencos matures, elles peuvent marcher jusqu'à plus d'une heure !!!
En effet les agaves sont des plantes qui, une fois matures, fleurissent et meurent. La récolte du jus d'agave ne peut donc se faire qu'une fois dans la vie d'un agave, c'est à dire une fois tous les 8 à 10 ans !!! Si les agricultrices récoltent, mais qu'elles ne plantent pas d'autres agaves, elles vont donc de plus en plus s'éloigner de chez elles pour récolter, et vont à terme éradiquer les agaves dans leur communauté. D'où l'importance de replanter les jeunes agaves.
Les samedis 11, 18 et 25 avril étaient donc dédiés à la plantation d'agaves dans 3 communautés différentes : Pitaná Bajo, Santa Marianita de Pinguilmí et Pambamarquito. Ces Mingas se sont organisées avec l'appui de la municipalité et du Conseil Provincial, et en partenariat avec les classes de seconde (je crois) du Lycée Ascazubi. Chaque samedi, nous sommes donc arrivés dans les communautés avec les lycéens, des professeurs de l'université de Quito, des représentants de la mairie et du conseil provincial, et les personnes de la communauté.
COMMENT SE DEROULE UNE MINGA?
Tout d'abord le fonctionnement global : on se répartit en plusieurs groupes. Certains vont récolter les jeunes agaves ("HIJUELOS") dans la communauté. Le reste des personnes qui travaillent sur place (sur le terrain choisi pour la pépinière) se répartissent entre ceux qui font le
mélange de terre (
la CANGAHUA est le sol que l'on trouve dans ces communautés. C'est un aggrégat de cendres volcaniques indurées, et c'est un sol mort, sans vie. Il faut donc le mélanger avec du terreau, ou de la terre noire riche en matière organique et en microorganismes), ceux qui taillent les jeunes pousses (qui ont, soit dit en passant, entre 1 et 3 ans déjà)
et ceux qui les mettent dans des sacs plastiques remplis de terre.
L'objectif est de semer à la prochaine saison des pluies, les jeunes agaves restent donc en sacs jusqu'en septembre.
La première minga était assez mal organisée, surtout pour l'encadrement des lycéens. Oui parce que comme c'est quand même des gros branlos, dès qu'ils ont une occasion de rien f**tre ils la saisissent (on pourrait même croire qu'ils ont un radar pour détecter ce genre d'occasions). Donc quelques lycéens ont bien travaillé, le reste bofbof. En revanche, dès que les habitants de la communauté sont arrivés (les lycéens étaient déjà partis, vers midi) le boulot a été fait avec une efficacité incroyable, chaque communero devant "planter" 20 agaves. Nous avons réussi à planter 648 agaves ce jour là.
Pourtant pour moi c'était la 2ème minga qui était la mieux réussie. Pourquoi? Parce que les étudiants étaient mieux encadrés et mieux organisés, mais surtout parce que la communauté a travaillé main dans la main avec les jeunes, et ça faisait vraiment plaisir à voir. Chacun avait sa place, son rôle. Et pour couronner le tout, les terrain qui avait été choisi pour la pépinière était vraiment beau ! Pour ma part, j'étais arrivée EQUIPEE, avec gants, casquette (de grand père <3), bottes, sécateurs et crème solaire ! Je ne me suis donc pas piqué les mains sur les épines des agaves, et je n'ai pas non plus pris de coup de soleil...! Seul point noir de la journée : certains jeunes se sont barrés boire des bières, ce qui a conduit le recteur à suspendre la minga du 25 avril. Vraiment dommage de mon point de vue, car au lieu de pénaliser les 5 clowns qui ont fait n'imp, ils pénalisent l'ensemble des étudiants, et nous par la même occasion puisque 107 étudiants c'est une sacrée main d'oeuvre ! LE point positif pour nous : avec 4 fois moins de personnes de la communauté (une 20 aine contre environ 80 pour la première semaine) nous avons dépassé les 700 agaves plantés !
Dernière minga, moi j'avais la grippe donc je n'y suis pas allée ^^...
Voilà pour un premier aperçu de ce que j'ai fait ici. Et NOUDOUDIOU, ça fait du bien de mettre les mains dans la terre !
BISOUS !